La
démission de l'envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, Horst
Kohler, n'est pas liée uniquement aux problèmes de santé, mais
résulte de la "complicité flagrante" de la France avec
l'occupant marocain et "l'irresponsabilité" du
Conseil de sécurité à résoudre ce conflit, ont souligné des
diplomates sahraouis regrettant le départ précipité de l'émissaire
onusien.
Le
ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould
Salek, a affirmé que l'envoyé de l'ONU au Sahara Occidental, Horst
Kohler s'est retrouvé dans une position politique, morale et
psychologique qui le poussait à se retirer de sa mission à cause de
la "complicité flagrante" de la France avec l'occupant
marocain et "l'irresponsabilité" du Conseil de sécurité
à résoudre ce conflit vieux de 45 ans.
"La
prochaine bataille n'est pas de savoir qui sera le prochain envoyé
personnel de l'ONU au Sahara occidental, mais celle de voir le
Conseil de sécurité assumer ses responsabilités pour imposer la
légitimité internationale comme seule solution au conflit", a
souligné M. Ould Salek, dans une déclaration à la presse.
Indépendamment
de la raison de santé invoquée comme une des cause du départ de M.
Kohler, le chef de la diplomatie sahraouie a soutenu qu'il existe
bien des faits "irréfutables" prouvant que l'envoyé
personnel des Nations unies est parvenu à la même conviction que
celles de ses prédécesseurs, James Baker et Christopher Ross, que
la mission de la MINURSO devant aboutir au respect des engagements
pris en 1991 pour organiser le référendum sur l'autodétermination
du peuple sahraoui, est confrontée au "refus franc" est
"fermement affiché" par la France et à "l'échec"
du Conseil de sécurité à résoudre le conflit".
"Dans
certaines régions, il y a des ingérences, y compris par la guerre,
pour imposer la démocratie et le respect de la légitimité du droit
international et des droits de l'Homme. Dans d'autres cas, le
contraire est vrai. Le peuple sahraoui est empêché d'exercer son
droit inaliénable à l'autodétermination en violation flagrante de
toutes les lois, législations, conventions et résolutions", a
déploré le chef de la diplomatie sahraouie.
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Des accords illégaux défendus au détriment de la légalité
internationale
==
Dans
le même ordre d'idées, le coordonnateur sahraoui auprès de la
Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un
référendum au Sahara occidental (MINURSO) et membre du
secrétariat national du Front Polisario, M'hamed Kheddad, a
assuré que Horst Kohler a démissionné en raison des "pressions"
exercées par la France sur l’envoyé spécial de l’ONU,
affirmant que "Paris a carrément saboté le travail de
Horst Kohler".
S’exprimant
dans un entretien à l'agence russe Sputnik, M. Kheddad a indiqué
qu’en plus de la raison de santé évoquée par l'ex-président
allemand dans sa lettre de démission, le diplomate onusien
rencontrait aussi des "obstacles, dressés notamment par
Paris et Washington".
"(...)
Il faut bien signaler que depuis sa nomination au poste d’envoyé
personnel du secrétaire général de l’Onu, beaucoup d’obstacles
ont été érigés sur sa route", a fait savoir le
responsable sahraoui, rappelant dans ce sillage que le diplomate
onusien avait toutes les qualités et les compétences nécessaires
pour réussir sa mission, notamment son expérience diplomatique
ainsi que sa connaissance du continent africain et de ses problèmes.
M.
Kheddad a signalé, toutefois, que dès sa prise de fonction, l'ex
président allemand avait rencontré beaucoup d’entraves dans
l’accomplissement de sa mission notamment aux Nations unies et à
l’Union européenne, dressées, a-t-il précisé, par la France qui
ne voulait pas que le mandat de la Minurso soit réduit à six mois.
"C’est
aussi la France qui a pesé de tout son poids pour que l’Union
européenne signe de nouveaux accords incluant illégalement les
territoires du Sahara occidental occupés (accord d’association
UE-Maroc et l’accord d’agriculture et de pêche UE-Maroc, ndlr)
en violation flagrante des décisions de la Cours de justice de
l’Union européenne (CJUE) (les arrêtés de 2015, 2016 et 2018)",
a souligné, en outre, le coordinateur sahraoui auprès de la
Minurso, alors que le Sahara occidental et les eaux qui lui sont
adjacentes ne faisaient pas partie du territoire du Royaume du Maroc.
L'ambassadeur
de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) en Algérie,
Abdelkader Taleb Omar, a, quant à lui, assuré que les circonstances
de la démission de Horst Kohler ont démontré que "le Conseil
de sécurité n'a pas pris suffisamment de mesures pour amener
le Maroc à se conformer aux résolutions onusiennes".
Intervenant
lors d'une conférence organisée par le Parlement africain de la
société civile, sous le thème "le Sahara occidental, dernière
colonie en Afrique", en célébration de la Journée de
l'Afrique, l'ambassadeur sahraoui a mis en garde contre le vide
que laissera M. Kohler, auquel le Front Polisario rend hommage
pour ses sincères efforts en vue de créer la dynamique imprimée
aux négociations. (SPS)
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