Bruxelles, 27 oct 2017 (SPS)Les députés européens
empêchés vendredi d'entrer dans la ville d’El Aaiun ont dénoncé la
décision des autorités marocaines d'occupation qui leur ont refusé l'accès au
Sahara occidental, alors qu'ils s’apprêtaient à aller dans les territoires
occupés pour s’y enquérir de la situation des droits de l’homme.
"Contrariée" par son expulsion de la ville d’El
Aaiun, la présidente de l'Intergroupe "paix pour le Sahara
occidental" au Parlement européen, Jytte Guteland a affirmé que le but de
sa visite dans les territoires occupés du Sahara occidental est d'observer sur
place la situation des droits de l'homme.
"Nous sommes venus ici en tant que membres du Parlement
européen pour observer de nos propres yeux la situation sur place et avoir la
possibilité d'écouter la société civile. En tant que parlementaires, nous
voulons être suffisamment informés de la situation au Sahara Occidental,
d'autant plus que nous serons appelés à s'exprimer sur un accord d'association
UE-Maroc modifié", a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Les députés ont jugé la visite dans les territoires
occupés du Sahara occidental particulièrement importante" étant donné que
la Commission européenne négocie actuellement avec le Maroc un accord
additionnel à l'accord d'association UE-Maroc pour se conformer à l'arrêt de la
Cour européenne de justice (CJUE) qui a conclu que les accords d'association et
de libéralisation UE-Maroc ne s'appliquent pas au Sahara occidental.
Dans sa décision rendu le 21 décembre dernier, la CJUE
souligné que le Maroc et le Sahara Occidental sont deux territoires
"séparés et distincts" et qu'aucun accord international ne peut
s'appliquer à ce dernier sans le consentement du peuple sahraoui.
"Nous ne pouvons pas prendre de décisions en tant que
représentants de 508 millions de citoyens européens si nous ne savons pas quels
effets ces décisions pourraient avoir sur d'autres parties du monde. Dans
ce cas, cet accord aura clairement un impact sur le peuple du Sahara Occidental
", a-t-elle expliqué.
La vice- présidente de l'Intergroupe, Bodil Valero a
"regretté profondément" la décision des autorités marocaines
d'occupation de refuser à une délégation du Parlement européen l'entrée à El
Aaiun.
"Nous sommes venus ici pour écouter les voix des
organisations sahraouies et de la société civile (...) et pour comprendre la
situation du peuple sahraoui en territoire occupé, nous devons être sur place
", a-t-elle ajouté.
L'autre vice-présidente de l'Intergroupe, l'eurodéputée
Paloma Lopez a rappelé, quant à elle, que "les autorités marocaines n'ont
aucune compétence au Sahara Occidental pour interdire l'entrée" à des
députés européens, regrettant que la délégation n'ait pas pu accomplir sa
mission, celle de s'informer, sur place, sur la situation des Sahraouis dans
les territoires occupés, notamment sur "les violations des droits de
l'homme".
Pour l'eurodéputée Lidia Senra, l'expulsion de la délégation
de parlementaires européens est motivée par la volonté des autorités marocaines
d'occupation de bloquer le territoire pour qu'il n'y ait pas de "témoins
de la violation continue des droits de l'homme dans les territoires
occupés".
"Il (le Maroc) ne veut pas de témoins de ses
crimes", a-t-elle affirmé, dénonçant "le silence de la communauté
internationale sur les crimes commis par le gouvernement marocain".
L'eurodéputé Josu Juaristi a affirmé, pour sa part, que la
visite dans les territoires occupés du Sahara occidental visait à "briser
le blocus" imposé à la région par Rabat qui "ferme toujours la porte
à quiconque qui cherche à s'enquérir de la situation dans les territoires
occupés".
"Peu importe qu'ils soient parlementaires,
journalistes, coopérateurs ou activistes internationalistes", a-t-il
ajouté, réitérant la détermination des députés européens à poursuivre leur
travail et leur engagement pour la défense des droits du peuple Sahraoui.
Il a exhorté, ainsi, l'UE à faire pression sur le
gouvernement marocain, mais aussi sur le gouvernement espagnol et l'ONU pour
résoudre le conflit, en respectant les engagements pris avec le peuple
sahraoui.
Les cinq députés européens empêchés de descendre de l'avion
à l'aéroport d’El Aaiun par les autorités marocaines d'occupation comptent
d'ailleurs soulever prochainement la question devant le Parlement
européen.
L'expulsion de la délégation de parlementaire européen de la
ville d’El Aaiun dans les territoires occupés du Sahara occidental intervient
quelques jours seulement après l'adoption par le Parlement européen d'un accord
euro-méditerranéen relatif aux services aériens entre la Communauté européenne
et ses Etats membres, d'une part, et le Royaume du Maroc, d'autre part,
couvrant le Sahara occidental.(SPS)